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subst. masc.
● 1 Ensemble formé par la charpente et sa couverture et destiné à protéger un édifice contre les intempéries. ● 2 Partie supérieure d’un bâtiment dont les plis permettent de dégager, à l’intérieur, de l’amplitude. ● 3 Le toit coiffe, le socle assoit. Toit et socle fondent l’ordre architectural de Compagnie architecture. C’est ainsi que leurs bâtiments s’inscrivent dans la ville.
L’intérêt que Compagnie porte au toit est avant tout affaire de coupe. Salle de spectacle La Cabane, aux Halles de la Cartoucherie de Toulouse, salle de musiques actuelles le Quai M à La Roche-sur-Yon, en Vendée, groupe scolaire Frida Kahlo à Bruges, en Gironde : le profil de ces bâtiments est issu de la superposition de trois, quatre coupes transversales.
Le dessin en coupe fait apparaître l’espace que génère le toit, l’amplitude qu’il dégage, la charpente qui le porte. Aucun des toits conçus par l’agence n’est jamais complètement plat, aucune coupe ne dessine un simple rectangle et aucun projet ne se résume à un simple parallélépipède.
Prenons le plissé du Quai M. Dans les premiers dessins, ce toit à plusieurs pentes, huit au total, en comptait davantage encore. Il a été simplifié mais la répétition de la double pente a été conservée. Cette couverture est à la fois une expression esthétique, c’est-à-dire une référence au caractère industriel du site, et la déclivité de son profil (45°) permet de dégager de l’amplitude au bénéfice des espaces intérieurs. C’est ainsi que la forme du toit génère des fonctions qui n’étaient pas prévues au départ. Par exemple, le catering du Quai M : alors que cet espace de restauration purement fonctionnel réservé aux artistes et aux technicien·nes est traditionnellement relégué aux coulisses, il a été, dans le Quai M, déplacé au deuxième étage où il bénéficie de la portée dégagée sous le toit. Compagnie l’a transformé en restaurant panoramique prolongé par une terrasse qui réunit des publics n’ayant pas l’habitude de s’attabler ensemble, musicien·nes, technicien·nes et bénévoles.
Au sein du groupe scolaire Georges Leygues à Pessac, dans la salle polyvalente, la géométrie complexe de la charpente résulte de la volonté de marquer cet angle particulier du projet. Compagnie voulait en faire un signal, un lieu offert au quartier avec ses accès ouverts au public les soirs et les week-ends. Ce toit-rotule entre la partie réhabilitée du projet (composée de toits plats) et l’extension neuve (coiffée de toits en pente) rend lisible ce qui préexistait à l’intervention des architectes. À Mérignac (Gironde), pour le projet de la SMAC du Krakatoa, on retrouve la même intention. En plan, les architectes ont créé une extension en L autour d’une salle de spectacle existante pour accueillir les nouveaux programmes (hall, loges, nouvelle salle, catering). Alors que le système constructif de la partie neuve est calé sur la trame préfabriquée de l’existant (20 mètres tous les 4 mètres), la géométrie de la couverture, avec un dessin au plissé plus accentué sur les ajouts, permet de distinguer l’existant de l’extension.
Autre possibilité offerte par la forme d’un toit : atténuer les gabarits des bâtiments en jouant sur la surface des façades. C’est le cas de la salle de spectacle des Halles de la Cartoucherie à Toulouse, logée au chausse-pied sur une parcelle de 30×30 mètres. Ici, le choix d’un parallélépipède aurait conféré au bâtiment un aspect engoncé. Compagnie a donc commencé par superposer les éléments du programme, salle de spectacle, locaux techniques, loges et catering, pour ensuite les recouvrir d’une vaste couverture. Cette cinquième façade définit le profil, chaque fois singulier, des quatre autres faces du bâtiment, en épousant les variations de hauteur des différents sous- plafonds. Un seul projet de Compagnie présente un toit plat : un concours perdu pour une salle de concert à Orléans. Mais il a été imaginé planté, festif, habité... Autrement dit, avec des émergences qui annulent sa planéité.
Une coiffe... et une assise. Compagnie peaufine le socle de ses bâtiments dans une composition tout à fait classique, avec un soubassement alliant base et péristyle. Ce socle est très marqué dans le Quai M, alors que pour le centre artisanal Godard, au Bouscat, c’est un simple trait, la ligne de l’auvent, qui joue ce rôle. Dans tous ces projets, l’assise est dédiée à l’accueil, et c’est elle qui tisse le rapport du bâtiment à son contexte urbain. C’est ainsi que Compagnie parvient à faire pénétrer l’espace public jusqu’aux étages. À Pessac, des salles d’activités furent l’occasion de créer des tribunes raccrochant l’étage à la cour de récréation. À Bruges, les salles de classes se prolongent à l’extérieur via de larges coursives. Une coiffe, une assise, une accroche urbaine.