Des mots à la main
Mise en mots et en dessins du travail de Compagnie, par Emmanuelle Borne et Simon Roussin
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Des mots à la main
par Chloé Bodart et Jules Eymard, juin 2025
Des mots à la main rassemble le travail itératif réalisé avec Emmanuelle Borne et Simon Roussin autour de six mots qui traduisent notre pratique et notre architecture. Les traits de feutre colorés de l’illustrateur Simon Roussin, à qui nous avons confié la mise en images des notions qui présentent notre travail, résultent du geste précis de la main sur le papier. Ces traces font écho à notre propre travail. Comme le précise Emmanuelle Borne, « ces explorations sémantiques mènent tout droit à l’architecture et à celles·eux qui la font ». Tout bâtiment résulte de plusieurs prises en main. Il y a d’abord la main des architectes qui esquissent et dessinent. Il y a aussi la trace de l’intervention des bureaux d’études, qui interprètent nos dessins. Puis il y a la main du maçon, ainsi que celle du charpentier et celles de tous les corps de métiers qui exécutent ces dessins. Il y a aussi celle, inspirée, des artistes que Compagnie invite depuis la conception jusqu’à la livraison. Sans oublier la main de la maîtrise d’ouvrage et de la maîtrise d’usage qui signent un contrat ou un programme ; et celle des élu·es qui coupent les rubans d’inaugurations. Enfin, il y a la prise en main des usager·ères et habitant·es qui viennent investir des bâtiments qui leur sont destinés.
D’un mot à l’autre
par Emmanuelle Borne, avril 2025
Les mots obligent tout autant que l’architecture. Employé par des architectes dont les réalisations et les vocations diffèrent parfois radicalement, le lexique de l’architecture en est galvaudé. Les mots si précieux qui servent à traduire un projet deviennent mots-valises plutôt que balises d’une démarche. J’ai donc proposé à Chloé Bodart et Jules Eymard de mener un exercice de réhabilitation sémantique, en écho à la réhabilitation que l’une et l’autre défendent en tant que bâtisseuse et bâtisseur œuvrant essentiellement sur des lieux existants. Cette exploration a consisté à sélectionner quelques termes emblématiques de la démarche et de l’architecture de l’agence pour en questionner la pertinence et la véracité, et si nécessaire à les emmener vers d’autres notions traduisant plus fidèlement les engagements et la pratique de Compagnie architecture. Chaque mot en appelle d’autres, dans une dialectique qui, in fine, décrit une manière de faire architecture singulière dans le paysage de l’architecture française. D’un mot à l’autre donc, sans intelligence artificielle, mais avec l’aide du Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (cnrtl) ou Le Robert pour les acceptions usuelles de chaque définition.
Lexique imagé
par Simon Roussin, juin 2025
Un terrain vierge. Un tapis volant métallique descend, une parade dans une ville maquette s’organise. Élaboration d’une liste d’idées, champs lexicaux, objets et lieux à dessiner. Réunions et échanges de mails, choix du format. Les motifs s’échafaudent : façades de bâtiments, routes tracées au sol, arbres en papier découpé. Croquis au crayon et feutre noir, esquisses détaillées et pochades de couleurs dans un format réduit sur Photoshop. Papier multi-techniques standard, feutres à eau de la marque Stabilo en supermarché. Un drôle de navire prend le large, quelques feutres de marque inconnue viennent étoffer la collection avec des mines plus épaisses et des couleurs intermédiaires, il transporte les acteurs vers de houleuses réflexions. Tout le monde participe à sa façon. Le dessin est d’abord tracé au crayon avec plusieurs repentirs. Des lignes sont encrées puis la mise en couleur vient créer les reliefs, les contrastes. Un chantier habité devient scène festive, les architectes acrobates. Une chaîne humaine se forme entre les machines de construction. Le choix des couleurs est non réaliste et soumis à la gamme limitée que proposent les feutres disponibles. On prend place dans le paysage.