Quai M

Entre des voies ferrées, un parking et un futur lotissement, une nouvelle aventure culturelle d’ambition métropolitaine nait sur une ancienne friche ferroviaire : l’édification d’une salle de musiques actuelles. La vie d’un lieu de transit et de mouvement des marchandises est remplacée par un flux joyeux et sonore.

Le projet tire parti d’une contrainte majeure pour une salle de musiques actuelles : l’acoustique. Pour une qualité de diffusion et d’enregistrement optimale, il faut assurer une étanchéité acoustique par rapport aux tiers et protéger des bruits extérieurs (liés notamment à la proximité des voies de chemin de fer). La matérialité choisie pour la construction des salles de diffusion reflète la réponse la plus performante à cette contrainte : le béton armé. Ce choix est visible et lisible en façade : le béton compose le socle du bâtiment et l’enveloppe des deux salles de diffusion.

En contrepoint, nous ouvrons le bâtiment avec des terrasses et balcons, des doubles hauteurs permettant d’offrir une généreuse lumière dans les lieux de vie. La matérialité s’allège et devient structures bois, offrant d’autres ambiances, d’autres usages. Se développe ici une vie foisonnante et lumineuse autour des salles de concert : l’accueil, le bar, le foyer des artistes et des professionnels.

Le hall d’accueil du public, très lumineux grâce à une double hauteur entièrement vitrée, se déploie sur deux niveaux et donne accès à une terrasse généreuse, qui file le long du bâtiment sur la façade principale et le long des voies ferrées. A l'étage supérieur, le catering est prolongé également par une terrasse. Mutualisé, polyvalent selon les temporalités, l’espace est utilisé en journée pour des réunions, et devient un véritable espace de vie le soir commun aux artistes, aux techniciens, aux équipes et aux bénévoles.

Les deux salles de concert du Quai M ont une identité architecturale affirmée, en alternative à la traditionnelle boite noire. La grande salle est conçue comme une coque en béton habillée par une charpente bois monumentale et visible, au dessin expressif : elle supporte la couverture et les poutres scéniques par de colossaux portiques, et se densifie pour devenir des gradins, des escaliers, et des passerelles techniques circulaires. En levant les yeux, le public retrouve la géométrie de la couverture du bâtiment.

Sur la façade nord, mur aveugle imposé par le PLU, l’artiste et designer graphique Malte Martin a été invité à concevoir une œuvre artistique.

Écouter, assembler

Pour raconter ce projet et son chantier atypique, nous réalisons un ouvrage en documentant en temps réel le chantier. Le livre « Écouter, assembler. Quai M, un chantier habité par Compagnie architecture à La Roche-sur-Yon », publié aux éditions B42, est une enquête polyphonique qui explore les enjeux du projet, l’histoire de la commande, la conception du bâtiment, et le chantier habité par la permanence architecturale.

Conçu par Edith Hallauer, Julia Vallvé et Compagnie architecture, l’ouvrage est mis en page par le studio de design graphique deValence, illustré avec des photographies de David Fugère, et réalisé avec le soutien de l’association Fuzz’Yon et de l’Agglomération de La Roche-sur-Yon.

Un chantier culturel et une permanence architecturale

Pour accompagner le chantier du Quai M, nous activons une permanence architecturale. Présente sur site au quotidien, la permanente tisse de précieux liens entre les différents acteurs du projet, désamorce d’éventuelles tensions, ouvre le chantier au public et partage le projet lors de visites aux curieux, voisins, scolaires, et professionnels… et organise des temps forts.

Ainsi, en septembre 2021, à un an jour pour jour de l’inauguration officielle, le groupe de musique The Green Line Marching Band a entraîné les yonnais dans une déambulation entre l’actuel Fuzz’Yon et le Quai M, pour se clôturer dans la grande salle encore en chantier. Une rencontre précieuse, une préfiguration pleine d’émotions et de promesses, entre le Quai M et son public.